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L'Ennemi personnel de Tintin : Rastapopulos

L'Ennemi personnel de Tintin : Rastapopulos

Rastapopoulos ! Voilà une canaille de grande envergure. Bien qu’elle se prend à tort pour être le « Génie du Mal » (1), ce que je suis sans me vanter, elle m’arrive bien à la cheville. C'était d'ailleurs mon ancien boss en Arabie. Je l’ai rencontré pour la première fois à mon retour au Khemed (2) alors que je m’exerçais au trafic d’avions, sous son commandement, avec cette crapule de Dawson, alias Dubreuil, l’ancien chef de la Concession Internationale à Shanghai entre 1934 et 1936, la Chine était alors sous occupation japonaise.

Roberto Rastapoulos, jadis sous couvert d’un honorable métier de producteur de cinéma (3) s’était fait un nom en truanderie, d’Égypte à la Chine, en passant par l’Inde, avec son commerce illicite de drogues dures et de « poison qui rend fou »… A son actif, il y avait plusieurs assassinats et l’enlèvement du fils du Maharajah de Rawhajpoutalah. Enlever un enfant, c’est répugnant n’est-ce pas ? Moi jamais je ne me permettrais… hem… Dans la Chine occupée, le gang Kih-Oskh (3) le réseau occulte de Roberto, avait passé des accords avec les autorités japonaises (par l’intermédiaire du Japonais Mitsuhirato respectable vendeur de prêt-à-porter féminin à Shanghai), s’engageant à des actions d’espionnage et de terrorisme en Chine pour le compte de l’Empire du Soleil. En échange, les samouraïs laissaient tranquille son trafic d’opium… Mais la bande des Fils du Dragon aidés par Tintin mit fin à ses activités en Chine : Rastapopoulos était emprisonné avec les membres de sa bande et Mitsuhirato se faisait hara-kiri.

A peine débarqué à Wadasdah (Khemed) j’avais été contacté par un certain Marquis di Gorgonzola, lequel n’était autre que Rastapopoulos. Il avait le monopole des domaines commerciaux suivants au Khemed : armateur, propriétaire de chaînes de radios et de télévision, propriétaire de sociétés cinématographiques... Il dirigeait aussi la puissante compagnie aérienne Arabair, laquelle avait l’accord de l’Émir Ben Kalish Ezab, une vieille connaissance avec qui j’avais un compte à régler… Officieusement, Roberto dirigeait un trafic d’avions militaires et d’esclaves africains par le biais de l’Arabair. Dans la cadre de ses activités, il avait été contacté par le Sheik Bab-El-Ehr qui voulait renverser l’Émir. J’acceptais bien-entendu de travailler sous ses ordres et j'étais bombardé, passez-moi l’expression, Ministre de la Guerre de Bab-El-Ehr, sous le nom de guerre de Mull Pacha. L’Arabair rompait alors son accord avec l’Emir et les troupes du Sheik, aidées par nos chasseurs-bombardiers Mosquitos appui aérien, chassaient l’Emir du pouvoir, qui se réfugiait dans le Djebel, chez son ancien ami (du temps où Rastapopoulos était dans le cinéma tout en écoulant depuis l'Egypte des pharaons des cigares remplis de drogue... ) Patrash Pacha.

Un de ses cargos négriers, le Ramona, était sous le commandement du capitaine Allan Thompson, laquelle canaille connaissait bien Haddock depuis leur aventure en Mer Rouge (4) hélas Tintin et le barbu vont s’emparer du Ramona. L’attaque à la torpille sous-marine ordonnée par Rastapopoulos, depuis son yacht Sheherazade va échouer et la Marine va tenter d’arraisonner le yacht. Mais Rastapopulos s’enfuira à bord d’un canot automobile, qui coulera à pic !

Interpol et Tintin le croyaient mort. Mais le chef m’avait téléphoné depuis un petit port de Tenedos en Mer Egée : il était bien vivant, car son canot à moteur était un sous-marin camouflé ! Il me proposait de le recontacter dans un an. C’est ce que je fis. Lorsque je le revis, il me dit qu’il s’est installé à Djakarta. Son soutien actif au Général Suharto dans sa reconquête de la Sondonésie, lui permit de prendre sans coup férir l’île de Pulau-Pulau Bompa. Là, aidé ensuite par les patriotes sondonésiens (qu’il se proposait de liquider une fois son projet abouti), il procéda à de larges aménagements, construction de bunkers, d’une piste atterrissage. Il avait également recruté Allan Thompson, qu’il retrouvait, ainsi qu’une équipe de pirates dont quelques pilotes de ligne. J'appris de lui qu’il avait aussi employé les services de l’un de mes anciens pilotes de chasse du temps où j’étais au service de Bab el Ehr… l’esthonien Szut. Son grand projet était de détourner le triréacteur de ligne Carreidas 160, et de le faire atterrir sur cette île sondonésienne située à plus de 539 Miles nautiques de Djakarta en direction de Sydney. Mon ancien chef voulait capturer le célèbre milliardaire Laszlo Carreidas pour lui soutirer le numéro de son compte suisse où étaient stockés plus de deux millions de dollars… Il y réussit, mais sa grande erreur aura été de ne pas avoir abattu Tintin, dans l’avion, quand celui-ci était en son pouvoir. Cette erreur, je l’ai faite moi-même (5).

Depuis sa capture par Tintin et Haddock et son baptême de l’air en soucoupe volante, tous frais payés par l'original Ezdanitoff (1) je n’ai plus de nouvelle de lui.

(1) « Vol 714 pour Sydney » (Ed. Casterman)

(2) « Coke en Stock » (Ed. Casterman)

(3) « Les Cigares du Pharaon » (Ed. Casterman)

(4) « Le Crabe aux Pinces d’Or »

(5) « Au Pays de l’Or Noir »

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