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SOUVENIRS CUISANTS...

Mes rencontres avec M. Tintin ont à chaque fois été des souvenirs cuisants... Vous dites ? Parce-que je fus battu à chaque fois ? Vous avez raison, mais il faut avouer que ce gamin a toujours eu une veine extraordinaire et que cette chance s’écrit avec deux lettres, R et G… Si Rémi Georges, alias Hergé n’avait pas été là…

Ceci dit, je dois avouer que le gamin était très fort. On s’est rencontré pour la première fois sur le sol britannique. Du diable, si je sais comment le galopin y a atterri ! Ou plutôt, si ! Je le sais après avoir lu « L’Île Noire » édité par Casterman. D’ailleurs j’ai dévoré, toutes ses aventures et je dois reconnaître que moi, Müller, je me compte parmi les tintinophiles !

Nous sommes dans les années 1930 et Tintin est envoyé en Angleterre, à la poursuite d’un de nos avions qui livrait à nos complices de la fausse monnaie. J’avais une propriété confortable dans les environs d’Eastdown , dans le Sussex. Il fallait bien que je ne sois pas trop éloigné du QG de notre organisation qui était en Écosse, dans l’île du château en ruines de Ben More : nous avions sur place nos rotatives à imprimer les faux billets, ainsi qu’un superbe aérodrome pour nos avions non immatriculés. Un collègue russe, Wronzoff, avait un gorille apprivoisé répondant au nom de Ranko, qu’on l’utilisait pour faire peur aux pécheurs. Son cri effrayait les villages de la côte et l’on disait que l’île du château de Ben More était l’île d’où on ne revenait pas ! Comme cela, nous étions tranquilles.

Mais il a fallu que Tintin s’en mêle !

Tout a commencé avec une panne en Belgique d’un de nos avions de livraison des sacs de billets : Tintin était là, bien entendu ! Notre bande a reçu un télégramme urgent du co-pilote Slim Whiteman, juste avant leur accident, disant que le pilote avait du abattre, selon les ordres reçus, un curieux avec une drôle de houppette, accompagné d’un fox-terrier tout blanc. Il n’avait été que blessé, comme l’avait annoncé le lendemain, la une du quotidien Le Vingtième Siècle, à Bruxelles, qui en profitait pour donner son identité : Tintin ! Ensuite, comme vous le savez, ce fut Wronzoff et un copain qui tentèrent de nous débarrasser de lui.

Les papiers retrouvés dans le blouson du pilote lui apprirent le lieu de la prochaine livraison… chez moi ! Par chance, Ivan et moi le cueillîmes comme une fleur grâce aux pièges de ma propriété. Je voulus le faire interner comme fou dans mon asile, mais ce diable de journaliste réussit à provoquer un incendie chez moi ! Tintin nous surveillait, et son ingéniosité nous a empêché d’annuler la livraison prévue. Bref, de fil en aiguille, Ivan et moi pûmes sauver un des sacs jetés de l’avion et nous enfuir...poursuivis par Tintin !

Qui aurait pensé qu’un gamin de dix-huit ans environ pourrait convaincre un pilote inconnu de l’emmener en Écosse, à notre poursuite ? Le fog, ce brouillard qui aveugle tout, avait causé notre accident, mais nous nous en sommes tirés Dieu merci. Cet infernal rejeton réussit à débusquer notre bande en Écosse, dans les ruines de l’Île Noire ! Nous étions installés là, dans les ruines du château. C’était notre QG. Le gorille de Wronzoff avait déjà eu l’occasion de casser quelques têtes d’Écossais ou de touristes trop curieux...Mais le jour où Tintin est arrivé sur l’Île Noire tout a basculé. Au moment où nous allions le coincer, la police nous est tombée dessus ! Le gredin avait réussi à lancer l’alerte depuis la salle de radio !

Les copains et moi avons été jugé à Edimbourg, avant d’être expédié dans les prisons de Londres. Je fus libéré avant la fin de ma peine, pour bonne conduite. Mon prochain acte, suite à ma libération, sera de m’envoler pour l’Arabie Khémédite, puisque mon camarade Ivan m’avait dit en prison qu’il y avait de l’argent à se faire là bas, avec le pétrole. Mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai plus tard.

Votre dévoué,

Docteur J.W. MULLER

(1) Album « Le Lotus Bleu »

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