HERGE RACONTE PAR TINTIN (III) Le "Coeur Vaillant" belge...

12 Janvier 2019

Cette image, ci-dessus, est la propriété exclusive de MOULINSART SA. © Hergé-Moulinsart 2019.

Vous voyez ici botté, le Major Paul Remi, en compagnie de son frère aîné Hergé. C'était un cavalier brillant (voyez comme brillent ses bottes...) Le saviez-vous ? C'est lui qui est représenté sous les traits du Colonel Sponsz ("L'Affaire Tournesol") ! Mon oncle Paul avait publié en 1964 un album d’initiation jeunesse à l’équitation, album intitulé : « En selle, les jeunes ! »

Les petits Belges francophones me découvrirent dans "Le Petit Vingtième" et les petits Français, dans "Coeurs Vaillants". Mais nous n'en sommes pas encore là, lorsque Hergé revient en 1928. Il venait de faire son régiment, comme en disait, son service militaire, et terminait avec le grade de lieutenant de réserve. Connaissant les talents de Georges, son ami l'abbé Norbert Wallez, lui confie les taches d'apprenti-photographe, d'aide-photograveur et d'illustrateur. Hergé apprécie particulièrement tout ce qui tourne autour du "clichage". Il pressent que cette expérience lui sera bien utile pour ce qu'il veut faire : des histoires en images pour la jeunesse. Il va donc s'appliquer à la tache, en bon scout qu'il est resté. Ce travail de précision, permettant qu'il y ait le moins de différences possibles entre le dessin original et son "cliché", aboutira à ce qu'on appelle maintenant le style "ligne claire". Cela exige le souci de la perfection et de la précision, dons qui était justement ceux de mon papa. Le directeur lui demande alors de s'occuper de l'illustration, du lettrage et de la mise en page du supplément dominical : "Le Vingtième Littéraire et Artistique". Mais la grande aventure ne va pas tarder à surgir...

Cette image est la propriété exclusive de MOULINSART SA. © Hergé-Moulinsart 2019.

L'abbé Wallez, homme de perspectives, qui veut intéresser la jeunesse, songe à créer un second supplément à son journal, et c'est tout naturellement vers le créateur de mon héroïque frère Totor qu'il se tourne. Le Petit Vingtième commence à paraitre le jeudi 1er novembre 1928, jour de la Toussaint. C'était soit en raison du jour des enfants fixé alors au jeudi, soit pour être certain d'accorder au nouveau supplément un impressionnant plateau de célestes protecteurs... Quoi qu'il en soit, le nouveau directeur de ce nouvel hebdomadaire de 8 pages illustrées, Hergé, a 21 ans et...est seul à tout faire. Il essaie d'utiliser, du mieux possible, les matériaux que lui fournissent les autres collaborateurs de la maison...

Le contenu ? Je vous laisse seul juge : des illustrations de poèmes en vers, de passionnants articles techniques ("L'éclairage moderne et les yeux") ou culinaires ("Le melon") En plus des dessins venant appuyer un scénario bancal, dû à un rédacteur sportif du journal nommé Desmedt et qui signait SMETTINI. Les pauvres jeunes lecteurs devaient, passez-moi l'expression, se farcir les aventures hebdomadaires de trois enfants et de leur cochon gonflable ! Je vous présente "L'extraordinaire Aventure de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonnet".

Ce que révélaient les aventures de Totor, c'était que Hergé était surtout un excellent narrateur. La direction du XXème Siècle aurait confié la création, de A à Z, de cette série à Hergé, cela aurait donné une histoire surement attractive qui aurait engendré des dessins exceptionnels, à la Totor ! Hergé n'aura pas beaucoup de mal à convaincre l'abbé Wallez d'arrêter cette... extraordinaire aventure de 3 poulbots belges et de leur cochon gonflable.

C'est ainsi, qu'un certain jeudi 10 janvier 1929, moi Tintin, j'étais photographié à la Gare du Nord, pour prendre place dans le train Berlin-Moscou. On voir ci-dessous l'accueil qui m'était réservé à mon retour de Russie soviétique.