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Hergé raconté par Tintin

Tintin raconte son père Georges Remi dit Hergé

Tintin raconte son père Georges Remi dit Hergé

Bonjour les amis !

Permettez-moi de vous souhaiter d'abord une Bonne et Heureuse Année 2019 !

C’est avec beaucoup d’émotion que je reçois déjà toutes ces marques d’affection, pour mon anniversaire, de la part de mes amis tintinophiles et tintinologues de 7 à 77 ans, ainsi que des jeunes enfants qui m’ont découvert avec leur premier album de Tintin déposé par le grand saint Nicolas à Noël. Je ne sais pas comment cela se passe en France, mais en Belgique, il n’y a pas de Noël sans un album de mes aventures, pour les enfants.

On dit de moi que je suis un héros orphelin. Au contraire de mes cousins Jo et Zette Legrand (1) j’apparaissais il est vrai en 1929, il y a 90 ans aujourd’hui, sans papa ni maman pour venir me saluer avant mon départ pour la Russie soviétique. Mais je suis, malgré mon air juvénile, un jeune adulte qui exerce une profession, celle de grand-reporter. Je vous le demande un peu, les adultes sérieux ont-ils un papa ou une maman pour venir les embrasser sur un quai de gare avant de prendre le train ?

Si je suis représenté apparemment sans parent, et s’il est vrai que je suis de mère inconnue, il est faux de dire que je n’ai pas de père. J’ai un créateur et c’est de lui dont je vais vous parler, au rythme de ces épisodes successifs « Hergé raconté par Tintin ».

 

1907

 

Mon père Georges, naît le 22 mai 1907 dans l’agglomération de Bruxelles, à Etterbeek exactement. Il naît sous le signe des Gemeaux, ce qui le rendit compréhensif, indulgent, généreux, réservé, curieux, méticuleux à l’extrême. Ce n’était pas un enfant facile. Georges avouait qu’il avait été un « enfant insupportable ». Il fallait qu’il court partout. Il était, déjà, curieux de tout. La seule chose qui pouvait le calmer, c’était soit une petite tape sur les fesses, soit lui donner du papier et un crayon… Son père, Alexis Remi était employé dans une petite fabrique de vêtements pour garçons. J’ai d’ailleurs toujours été frappé par le don que possédait Georges pour dessiner et peindre des vêtements élégants, pour de la publicité ou des gravures de mode. Sa mère Elisabeth Remi, née Dufour, était sans profession, si tant est que s’occuper des enfants n’est pas un travail ! On devrait toujours donner un bon salaire pour les courageuses mamans qui choisiraient de rester au logis familial…

1912

En 1912 naît un autre garçon au foyer Remi, Paul qui sera son seul frère. Mais Georges avoua un jour qu’il n’avait pas eu beaucoup de contacts.

1914-1918

Georges Remi commence sa scolarité à l’age de sept ans à l’école communale d’Ixelles. Mais c’est aussi l’année dramatique où le royaume est envahi par les troupes allemandes. En effet, en guerre contre la France, et en application du Plan Schlieffen, les armées impériales germaniques avait envahi la Belgique pour tenter de contourner l’armée française par le Nord. C’était une violation manifeste de la neutralité belge, ce qui provoqua la convocation sous les drapeaux de mes amis Blake et Mortimer (2) ; le Royaume-Uni s’engageait dans le conflit, en tant qu’allié et garant de la neutralité de la Belgique. La résistance belge, à l’image de notre roi Albert Ier, commandant en chef de nos armées, a été forte et courageuse. Et les enfants européens de culture francophone ont tous vibré en entendant ce chant scout, « Le Soldat belge », qui racontait un épisode sur le front militaire de l’Yser. Je repense souvent à cela, quand je me souviens de mes démêlés avec les soldats bordures pour retrouver le sceptre du roi Muskar XII et lui faire franchir la frontière borduro-syldave, avec l’aide précieuse de Milou bien entendu ! Comme chacun a pu le voir, c’est mon brave chien qui retrouva le sceptre.

Je reviens à Georges Remi qui est élève à l’école communale d’Ixelles. C’est même un très bon élève, qui n’hésitait pas à publier ses premières bandes dessinées mais sans texte : dans le bas de ses cahiers, il dessinait la résistance d’un petit Belge face à l’occupant allemand ! Je sais qu’en France, vous avez aussi le trésor des « Contes du Lundi » d’Alphonse Daudet, qui sont tous vibrants de patriotisme dans l’Alsace occupée de 1914, avec des exemples d’enfants héroïques. Hergé me raconta une fois, au château (de Moulinsart), en compagnie du Capitaine et de Tournesol :

« L’instituteur me voyant occupé à griffonner, et me croyant distrait, cria « Remi !… Répétez donc ce que je viens de dire... » Déjà il ricanait dans sa barbe (que la plupart des instituteurs dignes de ce nom portaient encore en ce temps-là). Mais son visage exprima un étonnement sans nom, lorsque, tranquillement, sans hésiter, je répétais ce qu’il venait de dire. Car, si je dessinais d’une main, eh bien, j’écoutais attentivement de l’autre !... » En tous les cas, Georges Remi a été toute sa jeunesse hanté par l’enfant héroïque que ce soit le jeune Belge ou le jeune Alsacien et je fus cet enfant héroïque dont il rêvait.

1918-1919

Georges Remi, qui ne s’appelait pas encore Hergé fait une année préparatoire à l’Athénée, c’est-à-dire le Lycée, comme vous dites chez vous. Cette année ne fut pas héroïque, comme il l’avouait bien lui-même.

1920-1925

Le jeune Georges a 13 ans environ et M. Remi père le place en 1920 dans un établissement catholique de Bruxelles tenu par des prêtres, puisque la Belgique avait cette liberté que la France n’a plus depuis 1905 au moins, celle de pouvoir confier l’éducation des enfants à l’Église, enseignement protégé par l’État… Cet établissement se nommait le collège Saint-Boniface. Georges y fut un excellent élève (sauf en dessin !) Dans cette période, Georges laisse les « Boy-Scouts de Belgique », formation officiellement athée produit de l’instruction publique, et intègre la « Fédération des Scouts Catholiques de Belgique » dont il devient rapidement Renard Curieux le bouillonnant Chef de la Patrouille des Ecureuils. Le scoutisme, la grande passion de Georges, lui procurera également un fort intérêt pour la question amérindienne. Cela lui permettait de s’évader de la maison, comme il le confiera à demi-mot dans dans « Le Monde d’Hergé » le livre de Numa Sadoul :

« Avant cela, (le scoutisme) je le répète, c'est une espèce de grisaille... Mes parents m'aimaient bien, je n'ai pas à me plaindre, mais il y avait peu de contact. Par exemple, il n'y avait pas un livre à la maison. Il est vrai que mon père était orphelin et qu'il a commencé à travailler très jeune. Il n'avait pas eu l'occasion de s'intéresser à autre chose qu'à son travail (Le Monde d'Hergé, Éd. Casterman 1983, p. 27). »

Georges Remi lisait-il dans cette période-là ? Oui mais peu : «Roi et paysan » auteur inconnu (à moins que ce ne soit le livre d’Emile Moreau «Roi et paysan. Aventures de Bertoldo de Bertagnana. Légende italienne» ?) «Trois Hommes dans un Bateau» de Jerome K. Jerome, «Les Trois Mousquetaires » d’Alexandre Dumas. Rien de Jules Verne par contre. oui c'est étonnant.

Le scoutisme n’a pas été seulement pour Georges Remi un moyen d’évasion. Ils lui ont aussi permis de se faire un nom puisque, désormais ce jeune scout devenait une référence en qualité d’illustrateur. Ses dessins paraissaient, à compter de février 1923, dans la brochure du scoutisme catholique, « Le Boy-Scout » devenu ensuite « Le Boy-Scout Belge ». Cette revue, dont Georges fut l’un des illustrateurs, a longtemps été dirigée par un religieux de l’Abbaye de Maredsous, le Père François Attout. En décembre 1924 le nouvel illustrateur commence à signer : HERGE.

A suivre !

Tintin

(1) « Les Aventures de Jo, Zette et Jocko » (Éditions Casterman)

(2) Les personnages du capitaine Blake et du professeur Mortimer ont été crées par Edgar Pierre Jacobs, ami et collaborateur d’Hergé.

(3) « Le Sceptre d’Ottokar » (Éditions Casterman)

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